Produits et producteurs

AOC capitale

 Au-delà de la tour Eiffel s’étend un vaste territoire de forêts et de terres agricoles. Elles constituent 75% de l’île de France, un terroir comme un autre. Pour la première fois, les produits gourmands franciliens sont réunis dans la boutique l’échoppée locale, à Paris. Ont-ils séduit les papilles parisiennes ?


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Manger « localvore », c’est ne consommer que des produits alimentaires venant d’un rayon de 90 kilomètres soit 60 miles pour les USA. Cette démarche, née à New-York il y a 5 ans, gagne la France : les boutiques « paysannes » prennent leur place dans les régions, comme Sentiers des Cevennes, boutique de producteurs à Montpellier.

Des champs au local

Face à l’église saint-Nicolas des Champs, l’Echoppée locale est la première et unique à ce jour, épicerie 100% île de France.

Façade en bois gris et enseigne verte sur immeuble hausmannien, glissée entre travaux et barrière de chantier ; dans sa vitrine, tomate en pot, boîtes et flacons rétros, épis de blés et panier de paille, lui donne un petit air d’épicerie d’autrefois en province.

Barbara et Nathalie l’ont ouverte en août 2010 : « Ce qui nous tenait à cœur, c’est de redynamiser les produits du terroir, de petits producteurs ». 

Produits fièrement franciliens

Menthe poivrée de Milly la Forêt si aromatique en tisane ou sirop, moutarde du Vexin, moulue à la meule de pierre, cidre briard à la violette et bientôt des pâtes au blé dur de la Beauce, spécialement cultivé pour l’occasion… tous les produits sont garantis franciliens.

Ils voisinent avec le canard de la ferme du loup ravissant, les pâtés de poules en plein air de la ferme des Perrichats, les conserves de truite de l’une des plus anciennes piscicultures de France, ou le miel du jardin des plantes. Tout ces produits viennent de petits fermes ou d’artisans à l’ancienne : ni agriculture intensive ni production industrielle parmi les trésors gourmands des terroirs de Paris.

Quels clients pour l’échoppée ?

La boutique est calme. Barbara se concentre sur la gestion sur son portable. Pauline, sa stagiaire, étudiante en Langues Etrangères Appliquées, dresse le portrait des clients :

curieux du quartier au début, touristes de passages et parisiens d’autres arrondissements, motivés par les nombreux articles de presse parus depuis l’ouverture. A ce jour, ils restent « volatils et peu fidélisés »,  constatent-elles.

Plus parisien que localvore

Pour expliquer la difficulté à faire adhérer à cette démarche « locale, éthique, écologique et bonne pour les papilles », Barbara évoque « le rapport du Parisien à sa nourriture est particulier, il n’y attache pas une grande importance ».

Elle qui n’est pas Parisienne, elle est frappée par les cuisines de taille réduite dans les appartements et la surabondance de restaurants.

Elle note un second paradoxe : pas de marchés de producteurs mais partout des produits venant du monde entier.

Peut-être que pour les Parisiens, le terroir renvoie aux racines provinciales plutôt qu’à leur capitale, la qualité se trouve plutôt place de la Madeleine qu’au fond de la banlieue.

Le cabas 100% île de France

Depuis avril, l’Echoppée locale propose le cabas francilien pour fidéliser les volages.  Ce n’est pas de la vente directe des maraîchers, comme les paniers des AMAP, mais ça y ressemble, avec cette formule d’abonnement mensuel.

Pour 15 euros, le cabas contient 3 à 4 kilos de fruits et légumes, yaourt et fromage choisi chez des petits producteurs d’île de France à prendre le jeudi après midi à la boutique.

Il a séduit un public varié, du quartier ou pas, jeune et personnes âgées, hommes et femmes, ni particulièrement militants, ou adeptes du bio, mais étonnés par la fraîcheur et la variété des produits régionaux.

Les réabonnements constituent les premiers indices de ce nécessaire « effort pour changer sa façon de consommer, d’adopter des valeurs responsables et raisonnables et de retrouver un goût perdu dans les produits de supermarché », selon Barbara.

Le déclic viendra-t-il des chefs parisiens ? Yanick Alléno, au piano du palace étoilé le Meurice, célèbre les produits du terroir parisiens à sa table comme dans son dernier livre : « Ma cuisine est comme ma ville et ma ville, c’est Paris. »

4 couleurs pour le terroir d’île de France, vu par l’échoppée locale

vert comme la menthe poivrée de Milly la foret, déjà mentionnée au XII° siècle

rose comme la rose de Provins, arrivée dans les bagages des croisés en 1240

rouge comme le coquelicot de Nemours, inventé au XIX° siècle pour parfumer pastilles et sirop

vert comme le cresson de fontaine, que l’on retrouve dans la cuisine médiévale

en savoir plus :

www.echoppee-locale.fr

237 rue Saint-Martin – 75003 Paris

les saveurs d’Ile de France

Yannick Alleno